Au fil des années, le métier de chroniqueur automobile m’a amené à conduire toutes sortes de bolides, des sportives compactes aux modèles exotiques, en passant par quelques classiques de la belle époque, sans oublier les jouets conçus pour jouer dans la boue. Au-delà des VUS et autres multisegments pour « monsieur-madame-tout-le-monde », l’automobile est une industrie excitante qui se doit de séduire son public par des créations extraordinaires.
Au sein de cette liste, les voitures exotiques sont souvent celles qui font baver les amateurs avec leurs mécaniques endiablées et leurs composantes en fibre de carbone, mais au quotidien, toute cette technologie n’a aucune importance, surtout au Québec où les conditions routières sont souvent mauvaises et où les limites de vitesse rendent tout simplement impossible les virées à des cadences supralégales.
Quel est le rapport avec la Toyota GR Corolla 2023, me direz-vous? Ce n’est pas pour rien que les supervoitures font autant vibrer les passionnés. Au-delà de leurs silhouettes aérodynamiques et de leurs performances ahurissantes, c’est la sensation d’être au volant d’un objet rare, un objet que seule une poignée d’élus est en mesure de se payer qui accroche un sourire au visage de son conducteur, tout le contraire de la réalité d’un conducteur de Toyota Corolla.
Bon, c’est vrai que cette Toyota GR Corolla Core 2023 est assez éloignée de la très grande majorité des Corolla vendues dans le monde, mais bon, cette petite compacte aux ailes élargies vient de confirmer une fois de plus qu’il n’est nullement obligatoire de compter sur un gros V8 biturbo – ou quelque chose du genre – pour s’amuser derrière un volant.
Plus technique que jolie
Je dois l’avouer, la Toyota GR Corolla, bien que plus excitante à regarder qu’une Corolla Hatchback, n’est pas une voiture aussi jolie qu’une Volkswagen Golf R, voir même de la controversée Honda Civic Type R. C’est vrai que la seule autre livrée de la GR Corolla – la très rare édition Morizo a déjà trouvé preneur à neuf reprises au Canada, elle qui a déjà reçu son statut d’item de collection – se distingue par son capot ventilé et bombé ou son toit en fibre de carbone.
À la base, la GR Corolla vend très rapidement la mèche sur ses intentions avec ses ailes arrière élargies, ses jantes surdimensionnées et ce grillage qui recouvre presque toute la partie avant du bolide, tandis que ces trappes de ventilation sur les ailes avant ou ces écussons GR qui se retrouvent aux deux extrémités de la voiture, mais il est clair que cette silhouette plus technique que fluide ne plaît pas à la majorité.
Mais, pour ceux et celles qui savent ce qui se trouve sous cette carrosserie musclée, le look de la voiture est secondaire. Du moins, c’est mon avis.
Un habitacle (trop) sobre
C’est un peu le même constat à l’intérieur, la GR Corolla qui conserve la même planche de bord un peu triste que dans tous les modèles Corolla. Bien entendu, ce n’est pas ce qui attire l’amateur de sensations fortes à bord d’une telle bombe, mais quand même, ce qui se trouve dans l’environnement immédiat du conducteur n’est pas très jojo à regarder. Là où la GR Corolla se démarque de ses consœurs plus économiques, c’est au niveau du volant sport, du levier de vitesses de la boîte manuelle, sans oublier les sièges baquets plus enveloppants à la première rangée. À bord de cette livrée Core – la plus abordable de cette série déjà très limitée –, l’amateur doit se contenter de sièges chauffants en tissu, mais peu importe, le support est le même que dans la livrée Circuit qui vient avec un habillage en suède, ainsi qu’un volant chauffant et un pommeau du levier de vitesses exclusif.
L’habitacle de la livrée Circuit est également livré avec une chaîne audio JBL à huit haut-parleurs (contre six dans la Core) et un amplificateur de 800 watts à huit canaux, un détail intéressant pour le conducteur qui aime se faire plaisir en conduisant pour écouter sa musique préférée.
En revanche, je me dois de le mentionner : la GR Corolla offre des sièges juste assez enveloppants pour une journée en piste, sans rendre l’expérience trop éreintante au quotidien. C’est bien beau les baquets hyper enveloppants, mais ça peut devenir très agaçant à la longue…
De plus, la position de conduite est franchement très bonne, et ce, même si le siège du conducteur n’offre pas d’ajustements électriques. Le volant est également très agréable à prendre en main, quoiqu’il existe des options plus ergonomiques sur le marché.
Et pourtant
Jusqu’ici, je ne me montre pas très convaincant à propos de cette Corolla sur les stéroïdes, vous en conviendrez?
N’ayez crainte, car c’est lorsqu’on prend place derrière le volant que cette folle dépense de plus de 50 000 tomates (si vous tenez compte des frais et des taxes en vigueur) se justifie un peu plus à mesure que les kilomètres s’accumulent au compteur. Ma semaine d’essai s’est même déroulée alors qu’il y avait encore un peu de neige sur nos routes… et que la voiture était toujours équipée de pneus d’hiver. Certes, l’essai sur le sec devra attendre au retour du vrai beau temps, mais puisqu’il s’agit d’une bombe à quatre roues motrices, cette virée dans les Basses-Laurentides m’apparaissait très pertinente.
Au démarrage, la GR Corolla fait sentir son côté quasi exotique avec sa motorisation 3-cylindres turbo de 1,6-litre de cylindrée qui laisse émaner une sonorité digne des autres « bolides de rallye pour la route », mais avec une note totalement unique. Et s’il est clair que le grondement du moulin impressionne lorsque ce dernier roule au ralenti, c’est encore plus jouissif lorsque le pied droit se montre plus insistant avec la pédale de droite. À haut régime, la GR Corolla met en lumière sa personnalité de voiture conçue pour la piste.
Bien que l’embrayage soit plus ferme que celui de la défunte Corolla à trois pédales, son utilisation ne pose aucun problème, comme si les ingénieurs étaient au courant de la circulation urbaine problématique des grands centres urbains. Le levier de la boîte manuelle, quant à lui, est très précis, tellement en fait qu’il me rappelle celui de la défunte Mitsubishi Lancer Evolution. Disons qu’on est très loin du levier de vitesses très flou de la berline Corolla qui n’a conservé que cette option à variation continue (CVT) pour 2023.
Et pour ceux qui croient que trois cylindres ne sont pas suffisants pour faire avancer cette Corolla Hatchback spéciale, il n’en est rien. Les accélérations sont très impressionnantes et le couple demeure disponible, même sur l’autoroute lorsque la voiture roule en sixième vitesse et que l’envie de dépasser un autre véhicule vous prenne. Le sifflement du turbocompresseur est également le bienvenu à bord de cette voiture qui n’a pas besoin d’être bourrée de matériel insonorisant.
Toutefois, c’est la tenue de route de cette GR Corolla qui demeure la pièce de résistance ici, la compacte sportive qui propose également de modifier la répartition du couple entre les essieux. Mon préféré est celui qui priorise l’essieu arrière dans une proportion de 70/30. Avec l’antipatinage débranché, la voiture s’est montrée un brin survireuse dans certains virages plus corsés des belles routes du nord, sans toutefois se montrer déséquilibrée. La direction donne tellement d’information qu’on doit se pincer et se rappeler qu’on se trouve réellement à bord d’une « vulgaire » Corolla. En fait, même s’il faut respecter tout bolide de 300 chevaux ou plus, la GR Corolla ne s’est jamais montrée intimidante à conduire.
Le verdict
Tout ce dont a besoin cette Corolla sportive, c’est d’être conduite de manière dynamique… le plus souvent possible! La GR la plus pratique peut aussi être utilisée en ville, mais son vrai terrain de jeu se doit de proposer quelques virages et, pourquoi pas, une ou deux lignes droites pour voir de quel bois se chauffe ce bloc turbocompressé de 300 chevaux et 273 lb-pi de couple.
Je dois l’avouer, si mes finances me le permettaient et que je pouvais justifier l’ajout d’une énième voiture à ma très petite collection, il y aurait déjà une livrée Circuit de la GR Corolla en commande avec mon nom sur le formulaire, mais avec les taux d’intérêt et le prix de cette étonnante compacte, la Corolla la plus excitante de l’histoire – en ce qui me concerne du moins – n’aura fait que passer.
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