Avis d'expert

Essai routier : Volkswagen Beetle Édition Wolfsburg 2019

7,5
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    9/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    6/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    7/10
  • PUISSANCE
    7/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    7/10
  • VALEUR
    9/10

Icône. Bien peu d’automobiles peuvent se vanter de mériter ce titre. Les mauvaises langues diront que la Beetle d’aujourd’hui n’a rien à voir avec la célèbre Coccinelle à moteur arrière refroidi à air. Vrai, mais elle en offre toujours le charme naïf et ludique qui manque à la production de masse d’aujourd’hui. Vedette pop comme pas une, la Beetle a marqué plusieurs générations dans ses 80 ans (!) d’histoire. Après son service militaire, elle a remis l’Europe sur ses roues avant de débarquer en Amérique et y devenir un symbole, voire un objet de culte. Disney lui a donné vie avec « un Amour de Coccinelle » – la célèbre Herbie – et les plus jeunes auront fait connaissance avec elle dans le dernier opus de la série « Transformers ». Aussi vénérée soit-elle, les acheteurs ne se bousculent plus aux portes des concessions ces derniers temps et Volkswagen a annoncé que 2019 sera la fin. On prend la route avec une vieille amie, pour une dernière fois.

Pour son dernier bye-bye, la Beetle s’est faite plus belle que jamais, faisant tourner un nombre record de têtes dans son sillage.

C’est mon der-nier bye-bye

La Coccinelle a survécu à la grande faucheuse à plus d’une reprise. La version originale, avec son moteur arrière refroidi à l’air au son inimitable, a été produite de 1939 à 2004, mais a disparu de notre marché début 1980. Son absence ici est passé inaperçue au Mexique, alors que la néoclassique New Beetle, introduite en 1998, a côtoyé sa doyenne pendant quelques années avant d’être à son tour remplacée par la Beetle actuelle en 2012. L’année 2019 marquera une coupure mondiale dans la lignée alors que le modèle actuel ne sera pas remplacé. Pour la première fois depuis 1939, aucune Coccinelle de quelque forme que ce soit ne sera produite quelque part dans le Monde. Notre Amour de Coccinelle fait donc ses adieux.

Pour son dernier tour de piste, Volkswagen a beaucoup simplifié la gamme Beetle en plus de sabrer dans les choix de couleurs. Seuls deux modèles sont offerts pendant cette année palliative : la Dune, haute sur pattes et inspirée des « Baja Bugs » californiennes, et l’édition Wolfsburg, qui porte le nom fatidique de « Final Edition » aux États-Unis. Vu le contexte historique, on se demande un peu pourquoi choisir la Dune, en coupé ou décapotable, et qui n’offre à des fins de personnalisation que le choix de la couleur blanche, grise ou noire – c’est d’un ennui … mortel.

Les livres d’histoire, dont un nombre impressionnant sont dédiés à notre charmant sujet, retiendront la Wolfsburg, et on parie que la configuration de notre véhicule d’essai sera celle qu’on verra dans les pages de papier glacé des ouvrages à paraître. En sus des teintes de la Dune, la Wolfsburg offre le Bleu délavé, soit celui de l’ancienne édition Denim, et ce sublime Beige safari. La décapotable, elle, ajoute le choix de deux couleurs de toit, soit le noir et le brun. Notez que la Final Edition américaine est identique à la Wolfsburg canadienne, les petits écussons ronds en moins.

L’habitacle deux tons offre deux choix de capitonnages, soit un tissu beige de série et trois teintes de cuirs matelassés, le brun, le noir ou le beige. Le cuir fait partie de la seule option offerte : le Groupe Style, qui comprend les phares bi-xénon, le solde de l’éclairage à DEL, les sièges Sport, les antibrouillards et ces jantes absolument géniales « Disc » rétro de 18 pouces. Des débuts de la production jusqu’au milieu des années 60, la Coccinelle d’exportation avait des jantes en acier partiellement blanches coiffées d’un disque de chrome. La « Disc » est un rappel moderne de cet agencement. Quand à la teinte Safari, elle sied la coquette Beetle comme un fond de teint sur la joue d’une courtisane. Pour son dernier bye-bye, la Beetle s’est faite plus belle que jamais, faisant tourner un nombre record de têtes dans son sillage.

Oui, il y a du chauffage

Les lecteurs « expérimentés » auront le souvenir de froides ballades hivernales dans les Coccinelles refroidies à l’air. À l’époque, pour être au chaud dans une Volkswagen, il fallait commander la petite fournaise à essence optionnelle…

La Beetle d’aujourd’hui est mécaniquement à des lieues de l’originale. Sous son classique sourire, on retrouve la plate-forme de la Golf de sixième génération (2008–2014), modernisée par l’ajout d’une suspension arrière indépendante en 2014. Restant fidèle à la tradition d’évolution constante de ce qui était son modèle-phare, VW a revu la motorisation de la Beetle pour 2018, remplaçant les quatre cylindres turbocompressés de 1,8-litre et 2,0-litres par un tout nouveau 2,0-litres doté d’une version modifiée du cycle Miller. Ce dernier permet une réduction notable de la consommation d’essence, comme nous avons pu le constater lors de la journée de prise en main, notre premier trajet se soldant par un 6,3 L/100 km affiché au tableau de bord. Nous avions obtenu la cote de 7,3 dans des circonstances identiques avec une Beetle 2017 dotée du 1,8-litre.

Avec 174 équidés et son couple immédiat, ce moteur est très vif en ville, même lorsqu’accouplé à la boîte automatique conventionnelle à six rapports, la seule qui soit désormais disponible. La seule option mécanique demeure le choix des dimensions des pneumatiques, des 17 pouces avec la Wolfsburg de base ou 18 pouces avec le Groupe Style optionnel ou la version Dune.

Ah oui : il y a chauffage et climatisation thermostatique bizone, très efficace!

Néoclassique, ou chic « boutique »?

Le design de la Beetle suit l’école du néoclassicisme, à savoir du neuf à saveur rétro. L’habitacle de la dernière Coccinelle se prête merveilleusement au jeu des agencements et il s’en dégage un rétro-chic plus léché qu’on pourrait le croire, vu le prix demandé.

Comme pour toutes les Beetle, le haut des portières est recouvert d’un plastique lisse qui imite le métal peint des anciennes Coccinelles. Ces pièces de finition, en Beige Safari dans le véhicule d’essai, s’étirent vers les places arrière et ajoutent à l’étonnante luminosité de l’habitacle. Les voitures à deux portières se faisant rares de nos jours, on découvre avec joie les larges glaces latérales sans cadres, jointes à de généreuses glaces de ¾ arrière. Avec le pare-brise plus vertical, la vaste lunette arrière, le toit panoramique et tous ces accents de beige, l’habitacle de la Beetle baigne dans la lumière naturelle et offre un panorama du monde extérieur sur 360 degrés.

La face bien droite de la planche de bord est aussi recouverte de la teinte extérieure, façon métal, tandis que le noir a été employé pour rendre plus discrète la console centrale qui n’existait pas dans la version « classique ». On en oublie les plastiques durs du dessus du tableau de bord et des portières, témoins du prix du gros dans cette chic boutique. On apprécie le coffre à gant secondaire qui imite l’original, mais les courroies de rangement aux portes sont plus amusantes qu’utilisables. D’ailleurs, les petits rangements font un peu défaut, alors que l’accoudoir, bien qu’ajustable et bien localisé, n’offre qu’un rangement de format portefeuille. Il reste ce petit coin très sombre de la console, où se cachent les ports USB et 12V. Au moins, le coffre à gant principal, bien dissimulé dans la portion inférieure du tableau de bord, est profond et pratique. La chaîne audio est également de très belle facture, et dispose même d’un lecteur CD, un accessoire vintage … pour les milléniaux.

Les sièges Sport du Groupe Style sont présentés dans un capitonnage de cuir digne d’un véhicule de grand luxe, avec surpiqûres bien en évidence. Malgré leurs réglages manuels limités, ces sièges sont bien conçus et se révèlent d’un grand confort. On apprécie cette manette rotative pour l’angle du dossier, réglable au poil et de façon sécuritaire, même en mouvement, pour autant que vous ayez le bras suffisamment long pour la rejoindre. C’est aussi là-bas derrière que vous arriverez, peut-être, à attraper la ceinture de sécurité sans vous étirer un muscle. Vers l’avant, tout va mieux, alors que le génial volant rétro au boudin bien mince est à la fois télescopique et inclinable. Trouver la position de conduite est un jeu d’enfant.

Ces derniers n’auront rien à redire sur l’accès aux places arrière, très simple grâce au vaste espace dégagé par les sièges coulissants. En fait, même des adultes seront à l’aise là derrière, les places étant à des lieues de ce qu’on retrouve dans une MINI ou une Fiat 500, des néoclassiques beaucoup plus menues. Le coffre vient aussi en montrer aux rivales avec sa capacité de 436 litres sous un grand hayon assez lourd à manipuler. En passant, Volkswagen aurait pu faire une concession au monde moderne et ajouter un essuie-glace à la grande lunette arrière. On adore par contre l’écusson VW qui sert de poignée en plus de cacher la caméra de recul, qui reste toujours propre dans son logis.

Le gène Volkswagen

Même si la conception de la Beetle précède celle de l’excellente plate-forme MQB qu’on retrouve aujourd’hui sous les Golf et Jetta, sa génétique reste propre aux Volkswagen d’aujourd’hui et se fait rapidement remarquer dès les premiers tours de roues. La direction est légère, mais précise, et les suspensions fermes, mais juste ce qu’il faut. À bas régime, la sonorité du nouveau 2-litres rappelle même un peu celle des « vraies » Coccinelles, ou est-ce notre perception qui se fait jouer des tours par l’environnement rétro?

L’accélérateur nous ramène à l’instant présent. La Beetle est plus rapide que les Golf et Jetta dotées du plus modeste 1,4-litre turbo. Le premier rapport, très court, peut secouer un peu vos passagers si vous n’allez pas tout doux depuis un arrêt. Incidemment, la boîte automatique conventionnelle à six rapports est programmée pour singer la fameuse DSG à double embrayage de Volkswagen; on ressent une nette pause au passage des trois premiers rapports, surtout à de plus basses vitesses en ville. Une fois en mouvement, les changements de rapports sont plus fluides, mais sans se faire prier.

Même si elle peut sembler vétuste, cette boîte accomplit du bon boulot et fait tourner le moteur à 1 800 tours/min environ à 100 km/h, et 2 100 à peine à 119 km/h. Le mode manuel Tiptronic est disponible, mais comme à l’habitude avec une automatique conventionnelle, aussi bien laisser la boîte faire le travail d’elle-même. Vous ne pourrez qu’apprécier un peu plus l’assise solide en virage des gommes généreuses de la Wolfsburg (des 235/45R18). Le groupe VW maîtrise bien l’art d’accorder suspensions et pneus à taille basse; le confort est plus que louable, malgré nos appréhensions à la vue des grands pneus Hankook. La jolie carrosserie sait aussi séduire l’air, les bruits de route provenant essentiellement des passages de roues arrière.

En ville, la Beetle se manie comme un charme grâce à l’excellente visibilité, extrapolée en milieu clos par les capteurs de circulation arrière, mais sa consommation y grimpe car notre essai urbain s’est soldé par une moyenne de 9,5 L/100km.

Dernier appel…

Toute bonne chose a une fin. L’attention incroyable qu’a attirée ma voiture d’essai semble démontrer que le public réalise enfin que celle qui a toujours été là … ne le sera plus, jamais. Comme la plus fidèle des compagnes, graduellement on s’est mis, collectivement, à la prendre pour acquise. Le public se gave maintenant, hélas, de VUS aussi impersonnels les uns que les autres, et n’a plus d’yeux pour les extraverties comme elle. Pourtant elle se révèle toujours aussi joviale, pratique et amusante à conduire, plus « vivante » que bien des rivales. Offerte de plus au prix de départ très compétitif de 24 275 $, moins de 28 000 $ avec options et transport telle qu’essayée, elle peut même séduire notre côté rationnel. Comme une icône plus grande que nature, la Beetle nous quitte donc sur une belle note, avec une édition finale qui célèbre ce qu’elle est, ce qu’elle était et ce qu’elle sera toujours à mes yeux. Adieu, mon amour de Coccinelle.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 2,0L
Nb. de cylindres L4
Puissance 174 ch @ 5 000 tr/min
Couple 184 lb-ft @ 1 500 tr/min
Consommation de carburant 9,0/7,1/8,2 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 436 / 850 L
Modèle à l'essai Volkswagen Beetle Coupé Édition Wolfsburg 2019
Prix de base 24 475 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 645 $
Prix tel qu’essayé 27 970 $
Équipement en option
1 750 $ – Groupe Style (Jantes disque 18 po, sièges sport en cuir capitonné, phares bi-xénon avec feux de jour à DEL, phares antibrouillard avant avec éclairage de virage) 1 750 $